Les héros de ce roman à rebrousse-poil s'appellent margouillat, cachalot, scarabée, mouette et biquette... chien Milou ou bien Pouny-chat. Parmi eux, l'auteur ; c'est à une véritable autobiographie à quatre pattes que le lecteur est tout bêtement convié ; la composition, littéralement fourmillante, fait alterner chaud et froid, fable et chronique, rire et malaise, langue de vipère ou pattes de mouche. Sautant du coq à l'âne, de Massy-Verrières aux colonies françaises, du croquis à la fresque, nouveau chapitre hyperréaliste des Plus belles histoires de bêtes d'antan, le récit peut être outrageant mais avec délicatesse, lyrisme, voire ferveur. Ce que les Animals tend à être, c'est un livre de prières à l'heure des puces informatiques : action de grâces à la Méduse mythologique, stances barbares à un Guépard. D'ailleurs, ce qu'on devrait dénicher, au fond du terrier des peurs primitives, le motif inavouable de cette expédition dans nos jungles domestiques, remontée au Déluge ou aux jours du Serpent, c'est le Paradis perdu.