L'image, c'est le dogme. Il s'agit de redéfinir le lien social, en tenant compte de ce que la pensée occidentale, pour ses raisons historiques propres, soustrait encore au questionnement : le mécanisme de l'institution des images, point de gravitation de tout système normatif. Parce qu'une partie indéfiniment tragique se joue pour l'homme d'aujourd'hui - l'énigme de Narcisse - on ne peut aborder ces problèmes très difficiles sous la férule du scientisme. Nous avons à renouer avec l'insu ; faire place à la dimension fantastique, à l'ordre poétique du discours des images, à la fable du divin messager.
Que signifie le montage de l'Imago Dei ? A notre époque, comme au temps de la ferveur théologienne, nos sociétés doivent affronter l'exigence universelle : fabriquer l'homme pour qu'il ressemble à l'homme, c'est-à-dire mettre en scène le Miroir absolu et fonder le lien d'image. La logique impose sa loi. Manœuvrer la problématique spéculaire, c'est exercer le pouvoir absolu : disposer de l'arme symbolique. En ce qu'elles touchent à la passion de l'image, les instances qui composent le Miroir dans la culture - Etats, médias ultramodernes, sciences, juridictions psy, etc. - touchent à l'aliénation constitutive du sujet, elles exercent la force pure. Savoir cela porte à conséquence. Ces Leçons III dessinent définitivement un champ. Après l'anthropologie physique, puis sociale, est venu le temps, pour la réflexion contemporaine, de l'anthropologie dogmatique.