Les années quatre-vingt ont vu se mettre en place un ensemble de dispositifs localisés : Z.E.P., programmes D.S.Q., comités de prévention de la délinquance, opérations " anti été chaud ", etc. Tous ces dispositifs visent moins des individus isolés que des territoires : car c'est la reconstitution même du tissu social qui est l'objectif avoué de ces mesures d'insertion. Leur mise en œuvre mobilise non plus seulement les travailleurs sociaux, mais aussi des acteurs nouveaux : élus, fonctionnaires de diverses administrations...
Jacques Ion a voulu fournir un premier bilan du fonctionnement institutionnel de ces dispositifs. Son ouvrage, fondé sur plusieurs années d'enquêtes, décrit la réalité et les modalités de collaboration sur le terrain entre les différents acteurs. À travers l'analyse des réactions des principaux métiers du travail social (assistantes sociales, éducateurs spécialisés, animateurs) c'est l'émergence d'une nouvelle figure professionnelle qu'il met en lumière. Un nouveau modèle d'intervention tend, en effet, à s'imposer, qui met en cause les pratiques usuelles des professionnels du travail social et les amène à redéfinir leurs rapports avec la politique et la société civile. C'est donc à une véritable réflexion sur les conditions mêmes de mise en œuvre d'une politique publique que nous invite l'auteur à travers ce livre.