La marche continue et sans commencement dans laquelle nous sommes pris nous apparait comme le temps, elle est le temps. En nous, elle est complémentée par l'imagination, elle aussi toujours en marche. La direction de cette marche, son but, c'est " rien ", c'est la restauration de " rien ", c'est le néant, c'est l'espace logique idéal. Cette marche continue, qu'elle soit temporelle ou imaginaire, c'est la logique, c'est la logique à l'oeuvre.
En l'être, c'est le néant lui-même qui néantit - premier énoncé de la métaphysique phénoménologique. Le moyen utilisé pour néantir, c'est le " toujours déjà " montré, c'est le temps, complémenté en nous par l'imagination, c'est la logique - deuxième énoncé de la métaphysique phénoménologique. Nous - nous tous - sommes le résultat, conquis sur le " nous " initial, de ce néantissement et nous perpétuons, avec notre imagination, le travail logique du temps.
Nous avons ce savoir du " nous " initial, indemne de tout travail logique. Mais ce savoir n'est que potentiellement celui de " nous tous ". L'expulsion hors de la marche logique, hors du temps, est l'événement d'une vie, c'est l'événement métaphysique, événement qui survient pour chacun de nous à son heure et peut-être jamais. Avant lui, nous sommes, comme l'univers, dans cette simulation du néant qu'est l'enfance.
Le temps du Corps de l'enfance de l'homme, après l'événement, est un autre temps, un temps joué. Avant lui, c'est le temps qui joue le Corps. Avec l'événement, le Corps change de maître. Le nouveau maître, l'être, est étonné de lui-même et du don que lui fait la logique : le monde, le monde maintenant vu et vécu autrement, hors évidence, inouï, " la merveille des merveilles ". L'événement méta-physique ne se transmet pas, il ne peut être reconnu " vrai " par la science, toute parole qui émane de lui est, pour le logos, un non-sens - troisième et dernier énoncé de la métaphysique phénoménologique.