Remettre au centre du débat culturel et linguistique la nécessité de la poésie lyrique, tout en soulignant la richesse et la singularité des poètes et des écrivains qui grâce à leurs voix indépendantes ont su donner au lyrisme toute l’intensité nécessaire pour créer une sorte de viatique contre l’indifférence et la froideur de l’époque pourrait être la gageure de ce livre. A partir du Poète, donc, l’auteur a parcouru divers champs linguistiques et sémantiques à l’aide d’un ensemble de relectures linguistico-littéraires (concernant la grammaire, la traduction, le signifiant, la poétique, l’humour, la chanson, la ville, le soir, la nuit, la solitude, la foule) ; il a essayé de montrer comment le lyrisme s’installe un peu partout, et dans la Grande Indifférence ne cesse de donner à voir. Là où la voix singulière exprime par sa profondeur toute la beauté et partant même la misère du monde, le pluriel (les voix du passé, du présent, d’ici et d’ailleurs...) se laisse entendre et touche, au gré de sa diversité originale, toutes les notes universelles. C’est aussi une réponse à la question sempiternelle, à savoir si les poètes sont encore utiles, question aujourd’hui pour l’auteur encore plus actuelle puisque ils ont, en apparence, disparus de la vie publique. Du moins, a-t-on tenté de les faire disparaître.