La question de la légitimité du pouvoir de juger se pose dans sa double dimension éthique et juridique. C''est donc sur l''articulation du légitime et du légal qu''il faut s''interroger. A cet égard on peut émettre l''hypothèse selon laquelle le rituel judiciaire est le moyen d''une telle liaison. Tout rituel est l''expression visible car codifiée des moeurs du groupe dont il tire sa légitimité, et a pour fonction d''assurer et de maintenir son unité. Le rituel judiciaire ne semble pas faire figure d''exception dans la mesure où il participerait de la démarche réglée visant à restaurer l''unité lézardée par un délit ou un crime. Cependant la dimension judiciaire du rite implique son inscription dans le juridique, c''est-à-dire dans le droit positif voulu par le peuple. Dès lors il convient sans doute de le rapprocher, mais aussi de le distinguer expressément de la procédure, sur laquelle s''appuient juges et parties, qui représente le cadre objectif parce que légal du processus du jugement. Une étude méthodique du rituel judiciaire devrait permettre d''éclairer la question de la légitimité du pouvoir de juger.