Le narrateur du Passé supplémentaire serait, paraît-il, le fils d'un héros de guerre et d'une danseuse de tango, mais rien n'est moins sûr. La fiche d'état civil de cet enfant de l'après guerre ne prouve rien. Il n'a connu ni les années folles ni les années noires. Mais il s'arrange avec la mémoire des autres : mes mains de Cocteau et les mots de Picasso, la voix de Carlos Gardel et les cigarettes de Pierre Laval, les oeillades de Thorez et le chapeau de Lucienne Boyer, et les bières qu'il buvait avec Dieu La Rochelle, une vieille connaissance, dans les tavernes de Berlin... autant de souvenirs imaginaires pour un jeune homme désemparé qui n'accepte pas le conformisme criard de son époque. Dans ce passé supplémentaire qu'il s'invente, tout Pascal Sevran est déjà là : l'insolence, la nostalgie et le style.