Un étrange mythe hante l'Occident : le christianisme aurait redonné un peu de consistance au monde, un Dieu de chair, comme dit Tertullien, lui aurait conféré un supplément de réalité. La vérité semble aux antipodes : loin d'offrir une âme au monde, les chrétiens l'en ont privé et se sont appliqués à le déréaliser.
Dans cette optique, le christianisme apparaît en sentinelle du néant, toujours en avance d'un nihilisme : nihiliste actif, quand on le croit passif ; nihiliste postmoderne, quand on le croit archaïque ; nihiliste négatif, quand on l'imagine mystique ; bref, nihiliste jusque dans ses décisions ex cathedra, dans sa christologie et sa théologie mariale.
Comme la profondeur qui se cache à la surface de l'aphorisme, le nihilisme foncier du christianisme se cache à la surface du dogme.