L'Europe affronte la pire crise humanitaire depuis cinquante ans. Historiquement terre d'asile et d'immigration, elle est devenue une terre de rejet, une formidable machine à désespérer et à susciter, au gré des faillites politiques et morales, l'indignation légitime. Face à l'incapacité de gérer décemment ces flux migratoires massifs, l'Europe et la France se trouvent "K.O. debout", comme sonnées par la violence de leur impuissance à venir en aide à ceux qui cherchent refuge. Mais ce K.O.-là n'annonce pas le chaos chaque fois promis à la France par les partis populistes et certains démagogues en période électorale. Non, ce K.O. promet et promeut la fermeture, la chasse à l'autre — dont les fantasmées menaces "d'invasion" et de "grand remplacement" sont la traduction. Sans verser dans l'angélisme, ce texte suggère des propositions concrètes, à même de pallier l'impensé migratoire de l'Union européenne. Ces recommandations passent toutes par le filtre d'une valeur : la fraternité. Celle qui fait de l'étranger un ami a priori et non un danger. A charge pour celui qui est accueilli de respecter les règles de vie de celui qui accueille.
Pierre Henry est le directeur général de l'association France terre d'asile et le président de France Fraternités. Expert reconnu des phénomènes migratoires, il est l'auteur de plusieurs ouvrages sur la question.