A son stade achevé, la mondialisation nous révèle les limites de la prédation humaine de l'écosystème. Considérés comme une vertu cardinale, les gains de productivité ne faisaient par le passé qu'accélérer la consommation des ressources planétaires. Seule l'expansion de leur exploitation, par la conquête de nouveaux territoires et de nouvelles populations, en assurait le renouvellement. Après avoir permis la survie puis l'hégémonie du singe nu sur la Terre, la productivité ne peut plus continuer de croître. Les pressions exercées quotidiennement sur les salariés à tous les niveaux s'apparentent désormais à un travail de Sisyphe. Pire encore, en répondant systématiquement à la déproductivité par des campagnes de productivité, l'appareil productif ne cesse de creuser le déficit écologique et, par conséquent, d'alimenter la source du problème. Le développement durable, s'il s'impose un jour, passera nécessairement par la fin de la course aux gains de productivité.