" Dans l'escalier retentissait en écho la voix d'un éducateur qu'on empêchait d'intervenir : "Ne les frappez pas ! Ne les frappez pas !" Les mutins avaient résisté toute la journée. Le groupe d'intervention n'était parvenu à les maîtriser qu'à la nuit tombée, sous un tir nourri de grenades lacrymogènes. En détention, les mômes avaient tout cassé et, par solidarité avec les mutins, certains avaient brûlé leurs cellules. Les gardiens étaient intervenus dans les étages et ç'avait chauffé. Une cinquantaine de détenus se retrouvait au mitard et les trente plus durs, ceux qui avaient résisté jusqu'au bout, avaient été expédiés au quartier disciplinaire des adultes, bloc 3. L'éducateur, unique membre de l'institut des cellules d'éducation de service ce jour-là, ne pouvait plus rien pour eux. Pourtant, il s'était bien mouillé la chemise pendant la mutinerie. Il était parvenu à rejoindre les mutins sur le toit dans l'espoir de les raisonner. Mais ils avaient tous pété les plombs. Ils étaient allés au massacre joyeusement. C'était dingue. " Roman noir, mais profondément humain, Le ciel sur la tête est une saisissante plongée dans l'univers carcéral.
Né en 1951, Nan Aurousseau a passé son enfance dans le XXe arrondissement de Paris. Il a publié en 2005 Bleu de chauffe, un premier roman remarqué et salué par la presse, et en 2007 Du même auteur.