Dans les rues de Séville, le peuple acclame Rodrigue, le vainqueur des Maures, le sauveur de la patrie. Seule dans son palais endeuillé, Chimène écoute la rumeur de la foule en liesse. Dans son coeur déchiré s'affrontent l'espoir et la crainte. La peur de savoir Rodrigue blessé combat en elle le désir de se venger. L'assassin de son père mérite t-il qu'elle tremble pour lui ? Son triste devoir est de réclamer au roi le châtiment du meurtrier. Mais le roi condamnera-t-il celui qui vient de sauver son trône ? La piété filiale n'a pas entièrement étouffé l'ardeur de l'amante, et Chimène, sans oser se l'avouer, espère secrètement que le souverain refusera de punir le coupable. La pièce la plus célèbre de notre répertoire, Le Cid, est aussi la plus jeune, par sa fougue et sa passion. Partagés entre les affres de l'amour interdit et les tourments de l'orgueil blessé, Rodrigue et Chimène sont inoubliables, héros dont la noblesse altière et la révolte impétueuse font l'émouvante grandeur. retentitde louanges à la gloire d'Horace. Vainqueur en combat singulier des champions ennemis, ce valeureux guerrier vient de donner à sa patrie une victoire décisive, et la suprématie sur la ville rivale d'Albe. Une foule impatiente se presse pour accueillir le héros. Mais, dans la demeure familiale, Camille ne trouve, pour célébrer l'exploit de son frère, que des pleurs. Ce jour, qui voit le triomphe de Rome, est celui de son malheur ! La bravoure d'Horace lui enlève à jamais Curiace, son fiancé bien-aimé, qui combattait pour Albe : Un sort cruel a dressé l'un contre l'autre ceux qui devaient s'unir. La jeune femme, révoltée par le destin injuste qui l'accable, ne peut cacher ses larmes au vainqueur qui s'en offense : l'amour doit s'effacer devant les intérêts de Rome ! Mais, pour Camille, rien ne saurait remplacer l'amant qu'elle a perdu. Emportée par la fureur de son chagrin, elle appelle sur la ville cruelle le courroux du ciel : " Puissé-je de mes yeux y voir tomber la foudre ! " lance-t-elle comme un défi au vainqueur indigné. Horace lève alors son épée sur sa soeur qui s'enfuit. Tragédie de la liberté, de la grandeur et de la raison d'Etat, Horace conserve par-delà les siècles, toute la force d'une pièce à la fois lucide et passionnée.