« Je devrai pacifier en moi des cris et des déchirures, tolérer quelques bris, quelques murs, des échardes et des renoncements. Je refuserai des violences pour ne vouloir que des apaisements. Sous ma peau unie, des pays désunis chanteront et cohabiteront. Je deviendrai un recueil de morceaux acceptés. M'habite mon Indochine, celle de ma mère, entre Indes et Chine et influencée par les deux ; m'habite ma culture française, celle de mon père avide de liberté et d'insoumission, aux ancêtres esclaves noirs. Cosmopolite, peut-être. Je n'ai pas choisi. Je lirai mon avenir incertain reposant sur des branches que je craindrai fragiles, des parcelles de généalogie malmenées viendront se frotter à ma peau sensible, à mon imagination avide. L'Histoire m'arrachera des ancêtres aux noms pleins de féerie. Pourtant, je conserverai la curiosité et l'émerveillement. » Partie précipitamment d'Indochine en 1948, à l'âge de onze ans, une institutrice française se souvient... Lydie Balloux puise dans le vécu de sa famille pour livrer une page d'histoire saisissante : nostalgie et charme de l'exotisme se greffent à une réflexion identitaire, gravité et insouciance se conjuguent en toute simplicité. D'une plume élégante et immersive, prend vie sous nos yeux un monde multiple et unique. L'enfance, la nature, la guerre, terreaux oxymoriques d'un univers à part, à la mélodie authentique et envoûtante.