Verdi : sa légende en a fait un patriarche raide et barbu, héros du Risorgimento et chantre de l'unité nationale. Et le compositeur a lui-même laissé se former cette image. Mais ce portrait est évidemment trop simpliste. En allant y voir de plus près, en analysant la correspondance, les documents contemporains, les livrets, la dramaturgie et, bien sûr, la musique elle-même, Jean-François Labie a peu à peu découvert un tout autre personnage. Avec lui, nous plongeons dans le bouillonnement des passions les plus violentes, les plus inavouables parfois, celles d'un être complexe, vulnérable, toute sa vie hanté par le souvenir des premières expériences de l'injustice et de la cruauté, réticent devant tout engagement politique, dressé contre toute autorité extérieure - mais dont l'exigence intime, l'intégrité et la générosité font le plus attachant et le plus inattendu des hommes.