Le parcours d'Henri Le Saux (1910-1973) pose la question du sannyasa (renoncement) et de son respect, d'une tradition et de son dépassement. Si les sannyasins (renonçants) obéissent à l'appel du Christ de partir sur les routes, dans un dépouillement radical, le projet d'un sannyasa chrétien touche le problème du syncrétisme (le mélange des pratiques liturgiques et rituelles) et de la synthèse (la vue d'ensemble des principes dirigeant le culte). N'ayant pas reçu le sannyasa, Dom Henri Le Saux le prend par lui-même : il devient Swami Abhishiktananda, un moine qui a cherché de manière incessante un au-delà du langage pour exprimer et témoigner de son expérience d'Ineffable. Parti comme moine-missionnaire, il abandonna intérieurement sa fonction : son "je ne suis pas missionnaire" est le point d'une aventure hors-norme, dans laquelle les appartenances confessionnelles s'estompent pour laisser la place à l'expérience paradoxale de l'Autre en milieu hindou.