Ecrivain fatigué et à court d'inspiration, Benoît Rouvre s'est retiré dans une maison solitaire à Valmont, Suisse. Au-dehors, un couple l'intrigue : lui, Benjamin Gousenberg, vieillard à l'oeil étincelant, elle, Sarah, brune, large bouche, corps déployé. Atteint d'un cancer incurable, Gousenberg propose à Rouvre, fasciné, le pacte suivant : sa femme Sarah vole d'homme en homme, il lui fait don de Sarah. Rouvre s'embrase pour cette "fille de Jérusalem" qui n'éprouve de plaisir qu'à l'insulter, et découvre avec horreur ses nombreux amants. La mort de Gousenberg et le suicide de Sarah concluent le roman. Mais Rouvre, comme assommé par ce qu'il vient de vivre, y ajoute un épilogue, lumineux. La Trinité, autre nom pour le triolisme ? Ou est-ce un livre biblique ? L'extase commune d'un protestant vaudois et d'une fille de Jérusalem ? Ce roman troublant et tourmenté, cette passion à deux plus un absent, Jacques Chessex la conçoit comme un embrasement froid, une manière de se distraire de la mort, une fin de saison entre chair et chaire : "Trois ombres achevaient la partie de l'apothéose du vide".