Dès l'arrivée d'Hitler au pouvoir, il fut décidé de porter la Kriegsmarine à parité avec la marine française. La première va ainsi mettre sur cale successivement les croiseurs de bataille Scharnhorst et Gneisenau pour faire pièce aux Dunkerque, Strasbourg, puis les cuirassés Bismarck et Tirpitz en réponse aux Richelieu et Jean-Bart. Dès que ces bâtiments purent entrer en service, le grand amiral Raeder décida de les engager dans l'attaque des communications maritimes britanniques dans l'océan Atlantique. Début mai 1941, il envoie en opération le Bismarck qui venait tout juste d'entrer en service, et le Prinz Eugen, les deux plus puissants cuirassiers de la flotte allemande. L'opération Rheinübung, du 19 au 27, tourne vite à la tragédie. Repérés lors de leur entrée dans le détroit du Danemark, les navires allemands affrontent le Hood et Prince of Wales. Le premier, atteint par un obus pénétrant dans une de ses soutes à munitions, explose, entraînant la mort de ses 2000 hommes d'équipage, tandis que le second est gravement endommagé. Quant aux navires allemands, eux aussi endommagés, ils font route vers un port français. C'était offrir à la flotte anglaise l'occasion d'une gigantesque traque dans laquelle tous les moyens sont mobilisés. Le 26 mai, les avions-torpilleurs Swordfish de l'Ark Royal pouvaient fondre sur l'ennemi. Le Bismarck est rapidement immobilisé et rendu ingouvernable grâce à une torpille lancée contre l'appareil à gouverner. Le lendemain, après un combat sans espoir, il est envoyé par le fond, entraînant à son tour dans la mort près de 2000 hommes d'équipage. Sa fin marquera le crépuscule des grands bâtiments de ce type et la fin pour la Kriegsmarine des grandes opérations de surface.
Ancien officier de marine, docteur en histoire, François-Emmanuel Brézet a publié plusieurs ouvrages dont, chez Perrin, une Histoire de la marine allemande (1939-1945) et Dönitz, le dernier Führer.