Les événements du 6 février 1934, le développement des Ligues, puis le rôle des éléments pro-fascistes autour et au sein du gouvernement de Vichy, avaient révélé l'ampleur de la montée et du rôle de l'extrême-droite en France au moment où les fascistes triomphaient en Europe. Que reste-t-il de ces tendances et de ces mouvements après la chute des puissances de l'Axe et la déroute de leurs partisans de la collaboration ? Comment s'opère leur reconversion après la guerre ? Quels nouveaux éléments apparaissent avec le développement de la guerre froide, l'effritement des institutions de la IVe République, la décolonisation (OAS), les reconversions des structures rurales, artisanales et commerciales (poujadisme)? Voici un tableau historique des tentatives et tentations néofascistes en France et de de leurs prolongements européens durant cette période où le monde, encore abasourdi par l'holocauste et Hiroshima, croyait l'hydre brune à jamais terrassée. Tableau plus que jamais utile au moment où les mêmes tendances, profitant ici et là de la crise, des frustrations et des incertitudes qu'elle engendre, de la xénophobie et des corporatismes qu'elle développe, entonnent les vieilles rengaines ou tentent de se parer d'habits neufs. Joseph Algazy, historien isréalien né en 1938, professeur à l'université de Tel-Aviv, est secrétaire de la Ligue des droits de l'homme et du citoyen en Israël.