Autour de l'étonnante figure de René-Louis Doyon, fondateur des {Livrets du Mandarin} et homme de lettres comme on n'en fait plus, une manière de Léautaud extravagant, cabotin, coureur, fantasque, mais qui fut aussi le premier éditeur de Malraux et le mentor littéraire de Jules Roy à ses débuts, celui-ci nous donne un roman très autobiographique, où les femmes, les maisons, les livres d'hier et d'aujourd'hui se mêlent dans le carrousel du souvenir. A mesure que se découvre le personnage de Doyon, et sa pitoyable aventure d'écrivain méconnu, ou raté peut-être, surgit en filigrane, telle qu'il se la remémore, la vie du narrateur, peuplée de passants, de passantes, de camarades fidèles et d'ombres illustres, familières, comme celle d'Albert Camus. Sans jamais s'appesantir, avec le détachement qui naît, l'âge venu, Jules Roy a sans doute dessiné là son plus juste "portrait d'homme". Mais le peintre s'est mis tout entier dans son tableau, et sous chaque touche, chaque trait, se découvre une confidence, et même un peu plus...