A Pâques 78 pour le Vendredi Saint, les millions de Français qui regardaient ce soir-là l'émission de Bernard Pivot "Apostrophes" sur Antenne 2, virent surgir le visage passionné de Guy Gilbert, prêtre paradoxal, cheveux longs, blouson de cuir, qui vit au milieu des loubards du 19e arrondissement de Paris. Le succès de son premier livre "Un prêtre chez les loubards" fut immense. Avec ce nouvel ouvrage Guy Gilbert fait la preuve que le folklore de la rue, la verdeur du vocabulaire, n'ont pas fait disparaître le prêtre derrière l'éducateur. Au milieu de la misère et du désespoir des jeunes qu'il côtoie, Guy Gilbert se veut d'abord témoin du Christ. Ce deuxième livre est donc un livre "spirituel". Comme le premier il nous fait plonger au coeur d'une société agressive et inhumaine par mille histoires cocasses ou poignantes, mais l'affirmation chrétienne, implicite dans le premier livre, éclate ici. Une affirmation sans complaisance pour l'institution ecclésiastique, qui s'y voit quelque peu malmenée. Mais sans amertume - car l'auteur derrière la violence de son propos ne peut dissimuler son immense amour d'une Eglise dont il se veut solidaire, parce que même marâtre elle reste sa mère. Une fois sans complaisance non plus pour notre société et qui dénonce sans cesse la violence cachée de nos rapports sociaux à la lumière de la forte douceur des évangiles.