Quand on lui demande son métier, Benjamin Renart répond " généalogiste des roses ". Ce qui le captive, c'est comprendre leurs migrations et leurs croisements dans " l'ombre des siècles ". Ce qui l'envoûte, c'est la sensualité des fleurs. La passion des roses, par le calme et le détachement qu'elle lui apporte, conduit Benjamin à accomplir des séances d'émerveillement. Il surmonte ainsi les excès de sa propre sensibilité, rejoint avec plus de disponibilité le territoire des femmes aimées. Il aime la Gerboise, avec laquelle il forme un couple insécable, se retient de tomber amoureux de celle qui vient, tous les jours, s'installer dans la roseraie pour peindre des portraits de roses. Il la surnomme la Teresina, comme pour mieux l'assimiler à une fleur, qu'il ne cueillera jamais. La roseraie est une tragédie très douce, un livre sur le désir du bonheur et la peur de l'amour, sur l'adoration de la nature, des saisons, des roses et du monde qui, seule, console des aléas de l'Histoire et protège des " sentiments rouges " qui dérivent de la haine, des " sentiments noirs " qui, comme l'angoisse et les remords, épuisent le système nerveux. Michel Besnier vit à L'Haÿ-les-Roses. Son premier roman, Le bateau de mariage (1988), particulièrement remarqué par la presse, a fait l'objet d'une adaptation cinématographique. La roseraie est son quatrième roman.