Au Kosovo, tout un peuple est entré en résistance contre l'oppression serbe. Une résistance politique et civique inspirée par un intellectuel formé à l'école de la non-violence, de l'universalité des droits et de la démocratie. Cet homme, ancien étudiant de Roland Barthes à Paris, s'appelle Ibrahim Rugova. Il apporte la preuve qu'il n'est pas vain d'agir pour que les nationalités qui aujourd'hui se déchirent dans les Balkans acceptent demain de vivre ensemble, qu'il est possible de défendre une cause nationale sans tomber dans le piège du nationalisme. La question du Kosovo est mal connue en France. C'est pourtant sur la reconquête de cette région autonome de l'ex-Yougoslavie, peuplée à 90% d'Albanais, que s'est articulée la politique expansionniste du leader serbe Slobodan Milosevic dont on a vu les applications en Croatie et en Bosnie. Le dossier qu'on lira ici a pour ambition d'informer et de sensibiliser à une cause qui est aussi la nôtre. Car si demain la résistance non violente échoue à canaliser l'attente de tout un peuple, c'est l'ensemble de la région (Albanie, Grèce, Turquie, Macédoine) qui risque de s'embraser et de réduire en cendres, aux marches cette fois de la CEE, les valeurs auxquelles nous sommes le plus attachés. Entretiens réalisés et présentés par Marie-Françoise Allain et Xavier Galmiche.