Le cap des trente livres passé, j'éprouve le besoin de faire le point sur la question de l'hédonisme. Si je devais le réduire à une interrogation, ce serait évidemment celle de Spinoza : " Que peut le corps ? ". A quoi il me faut ajouter : en quoi est-il devenu l'objet philosophique de prédilection ? Puis, questions en cascade : comment penser en artiste ? De quelle manière installer l'éthique sur le terrain esthétique ? Quelle place laisser à Dionysos dans une civilisation totalement soumise à Apollon ? Quelle est la nature de la relation entre hédonisme et anarchisme ? Selon quelles modalités une philosophie est-elle praticable ? Que peut espérer le corps des biotechnologies post-modernes ? Quelles relations entretiennent biographie et écriture en philosophie ? Selon quels principes sont fabriquées les mythologies philosophiques ? Comment déchristianiser l'épistème occidentale ? De nouvelles communautés sont-elles possibles ? Répondre à ces interrogations appelle une série de développements constitutifs d'une pensée existentielle radicale. D'où la subjectivité artiste, l'éthique immanente, l'esthétique cynique, la politique libertaire, le nietzschéisme de gauche, le matérialisme sensualiste, l'utilitarisme jubilatoire, l'érotique solaire, la bioéthique prométhéenne, le corps faustien, le hapax existentiel, la vie philosophique, l'historiographie alternative, l'athéologie post-chrétienne, les contrats hédonistes, autant d'occasions de réenchanter nos temps mélancoliques avec la proposition d'une pensée à vivre. " M.O.