La chose est entendue : c'est dans la langue que nous pensons. Mais est-ce pour autant la langue qui nous pense ? Des philosophies immédiatement postkantiennes aux plus récents postulats des sciences humaines, la langue a progressivement acquis un prestige énigmatique : medium, ultime " condition de possibilité " de la connaissance, matrice même du penser humain. Mais que la linguistique décrète que c'est la langue qui fonde la subjectivité, la psychanalyse que notre inconscient est structuré comme un langage ou l'histoire que les énoncés individuels sont modelés par un paradigme discursif qui les agit d'en deçà, c'est toujours au nom d'une certaine précompréhension du langage qu'est proclamée la détermination du connaître par le parler. Cette étude s'attache au contraire à refonder, via les instruments de la philosophie réflexive, les concepts clefs de la théorie de la langue avant d'en étudier l'incidence au sein de ces disciplines qui s'appuient sur elles ou la prennent pour objet - éclairant d'un jour nouveau tout un pan des sciences humaines.