La pédophilie suscite une horreur indicible entretenue par la confusion qui règne autour de cette conduite perverse et la rareté des travaux la concernant. On entend parler de pédophilie quand il s'agit d'inceste, tandis que le crime sexuel est confondu avec l'intention pédophile. Or, si l'acte pédophile est un abus sexuel, l'agression sexuelle d'un enfant ne relève pas toujours de la perversion pédophile, laquelle est définie par des variables spécifiques. Quant à la petite victime, l'angoisse de l'entourage risque de conduire à ignorer les exactions qu'elle a subies ou, au contraire, à les imaginer en dépit du bon sens. Enfin, il n'est pas rare que l'enfant ne veuille rien savoir des solutions thérapeutiques qui lui sont proposées - pourquoi ? Il semble bien que ces réactions et la tension qui traverse le débat sur la pédophilie répondent au rejet de la subjectivité et de l'inconscient dans la civilisation contemporaine. Il n'est plus question de parole, mais de communication, et la sexualité y est réduite à la biologie. Appréhender la logique de l'auteur d'actes pédophiles réclame la prise en compte de trois registres, tout en les distinguant : historique, clinique et légal. " Comprendre " la pédophilie implique non pas d'excuser ou de prendre à partie mais d'élaborer une approche raisonnée, afin de susciter une réflexion qui oriente une pratique médico-sociale et judiciaire.
Francis Ancibure : docteur de 3e cycle, psychologue, expert judiciaire (Cour d'appel de Pau), chargé de cours de criminologie (Faculté de Bayonne). Marivi Galan-Ancibure : psychiatre et psychanalyste.