Depuis la Renaissance en France et l'époque d'Edo au Japon (1600-1868), l'image a été convoquée à des fins d'enseignement : abécédaires, livres et jeux illustrés, images sur papier, images à projeter et, plus récemment, bandes dessinées ont été utilisés pour la transmission à l'enfant de connaissances, de croyances, d'idées, de valeurs et de normes de comportement. L'histoire de l'éducation, discipline florissante dans ces deux pays, a consacré peu de travaux à ces pratiques pédagogiques. Les spécialistes réunis dans le présent ouvrage visent à réparer cette lacune en présentant et confrontant, pour la première fois, les principaux supports français et japonais d'enseignement par l'image, leurs formes et leurs usages. L'hypothèse qui anime cette entreprise est que nos deux pays, où l'enfant constitue depuis des siècles un centre d'intérêt important pour la famille et pour la société, ont hérité de conceptions différentes de l'image, issues de leur système d'écriture : alors que dans la culture alphabétique, texte et image sont considérés a priori comme des médias hétérogènes, ils ne sont pas perçus comme des termes étrangers ou concurrents dans le monde de l'idéogramme. Comment se définissent dès lors, au sein de ces deux univers, les fonctions de l'image dans l'apprentissage de la lecture et de l'écriture, dans la diffusion des savoirs ? Cet ouvrage révèle les vertus heuristiques d'un tel questionnement. Il fait apparaître des convictions communes, des rencontres, des interférences, mais aussi des décalages entre des images tout à la fois proches et lointaines. Plus fondamentalement, il invite à interroger le statut épistémologique et ontologique que ces deux pays confèrent à l'image et, au-delà, à questionner leurs liens propres, issus dans les deux cas de traditions millénaires, avec l'univers visuel.