Peut-on écrire un roman où des personnages réels - André Malraux, Emmanuel Berl, Maurice Clavel... - se mêlent à des êtres de fiction ? Doit-on, pour comprendre la France de l'après-guerre, convoquer la figure de Socrate face à ses juges ? Et dans quelle mesure l'histoire tumultueuse du dernier demi-siècle répète-t-elle celle qui se joua, jadis, dans un petit cercle de philosophes athéniens ? Le héros, Téracos - mais n'est-ce pas l'anagramme de Socrate ? - a choisi de se donner la mort en absorbant du cyanure devant ses amis, et son geste troubla ceux qui eurent le privilège de l'aimer. Avait-il raté sa vie ? Un juste n'aurait-il donc pas sa place dans la cité ? Fallait-il, comme le fit son meilleur disciple, lui dérober sa parole posthume en prétendant la lui rendre ? Dans cette aventure qui explore la mascarade vertueuse de Vichy, les messages brouillés de Radio-Londres, et les idéologies perverses de l'esprit soixante-huitard, le romancier peut, à son aise, recomposer une fresque très contemporaine dont l'intrigue, conduite dans un double éclairage, s'ajuste sur l'ambiguïté du Temps et celle de la nature humaine.