Je ne sache pas qu'aucun livre ait récemment tenté cette grande fresque que nous offre La Nuit du temps. L'histoire de la science est, comme toute histoire humaine, jalonnée de crises, de passions et de fulgurances nouvelles, de sources imprévues, coups de tonnerre jaillissant après un millénaire d'aridités opaques. Pourquoi en serions-nous désormais à l'abri ? La surprise vient toujours du ciel : depuis l'il attentif des bergers chaldéens jusqu'à celui de nos modernes et puissants télescopes, c'est en recueillant cette obscure clarté qui tombe des étoiles, en interrogeant cette lumière, en lui faisant rendre raison de son origine, de sa couleur, de ses changements, que nous savons tout ce que nous savons du monde. Les émotions ne se théorisent pas, elles se vivent. Si, par une belle soirée d'été, vous souhaitez pressentir cette nuit du temps toute piquetée d'étoiles, il vous faudra d'abord la patience d'une demi-heure passée dans l'obscurité, afin que votre il oublie les blessures de la lumière artificielle, qui nous éblouit de partout, et retrouve sa sensibilité ultime. Pour lire le bel ouvrage de Timothy Ferris, il faut aussi faire en soi le silence et accueillir ce récit avec la fraîche sensibilité d'un enfant étonné. Alors, vous ne regretterez pas votre nuit, et l'aube sera belle. PIERRE LENA, de l'Académie des Science (Extraits de la préface) Timothy Ferris, lauréat de l'American Institute of Physics Prize, enseigne à Berkeley le journalisme scientifique. Il est l'auteur de cinq livres dont Opéra cosmique (Calmann-Lévy, 1986) et de nombreux articles publiés dans Esquire, le New York Times, Harper's, Life.