Un homme se débat dans sa nuit intérieure. Il rêve, il est rendu au temps sans durée : il navigue dans l'arche avec Noé, il polit l'émeraude du Graal, il connaît la forêt médiévale et ses animaux héraldiques, il fuit le tyran colossal et se réfugie dans les grottes de la mémoire. Le rêve nous donne le fil de l'histoire universelle et nous permet de la lire à l'envers. La nuit fait de chacun de nous un être qui revit toutes les aventures de l'humanité, ses désirs, ses terreurs et ses mythes. Au cours de cette nuit de longtemps où tout recommence sans s'achever jamais, Arno médite sur le mal, la grâce et la souveraineté : ces trois motifs conducteurs se tiennent et ne font qu'un, le mal étant corrigé par la grâce et la grâce donnant la souveraineté. Fidèle à lui-même, Marcel Schneider explore le domaine de la littérature irrationnelle, qu'elle soit le fantastique ou le merveilleux. Dans la Sibylle de Cumes, il avait tenté d'expliquer un rêve unique, privilégié. Dans la Nuit de longtemps, il approfondit son dessein et va plus loin encore dans la connaissance de lui-même, c'est-à-dire de tous. C'est une clé des songes à l'usage de ceux qui, pareils à Marcel Schneider, ne vivent ni dans le passé ni dans l'avenir, mais dans ce qui est perdu.