2008. La Chine accueille les Jeux Olympiques d'été, occasion de célébrer internationalement les valeurs sportives de compétition, de dépassement de soi, de fair-play. Il est probable qu'à cette occasion les médias locaux mettront en avant l'origine chinoise de nombreuses pratiques sportives. Un siècle plus tôt, il eût pourtant été inconcevable pour l'état mandarinal d'organiser un tel évènement. Dans une société codifiée, où la régulation du et des corps entrait en correspondance avec le céleste et le collectif, l'importation des pratiques sportives européennes, assimilées au barbare et au chaotique, sous l'égide des missionnaires anglo-saxons, ne se fit pas sans mal, ni sans résistance. L'histoire de cette pénétration, les mutations des gymnastiques chinoises et des arts martiaux, confrontés à une concurrence nouvelle, constituent le sujet du présent ouvrage. Il est abordé via l'angle socioculturel et symbolique afin d'en relever tous les enjeux, notamment politiques. Analyse influencée par Pierre Bourdieu, l'essai d'Aurélien Boucher convoque les concepts clés du sociologue français pour cerner et expliquer les transformations des pratiques corporelles en Chine. Cette entreprise féconde renouvelle l'approche du sport et de ses évolutions, et met en évidence l'enjeu que représente l'éducation des corps pour un état, de quelque nature qu'il soit. Du mandarinat au communisme de Mao, c'est ainsi toute une idéologie et une politique du corps du citoyen chinois qu'Aurélien Boucher met au jour et décrypte avec clarté.
Aurélien Boucher est doctorant en sociologie à l'Université de Nantes. Il mène, sous la direction de Gildas Loirand, des travaux consacrés à la sociologie des pratiques corporelles dans le monde chinois. Pongiste de niveau national, il a découvert l'univers du sport chinois à l'occasion d'un stage en Chine dans un centre de tennis de table en 2004.