Comme un voyage, "au jour le jour du mystère d'exister". Et nous conviés ici à accompagner ces voix, leurs pas dans les jours, qui résonnent ou se tiennent, silencieux, au plus près des bruits du monde, qui sont là, et leur musique de toujours. De se tenir dans les ombres ou les heures, les voix deviennent des visages, nos visages multiples et uns, à l'écoute de ce qui surgit des jours. En soi, une " dictée ", un " éboulement obscur " se laissent entendre. Presque saisir. Et proches. Autour, le bruit du monde ne cesse pas, tout au contraire : "clapotis d'eau", "ce bleu, cette transparence", des passages, autant d'instants comme sauvés : un enfant, un matin, la fin d'une après-midi d'été. Un insecte passe, de l'autre côté de la vitre un feuillage tremble. L'encre finit de sécher sur la page où la main la dépose, et tout à côté, le halo d'une lampe. Voix multipliées, elles aussi incessantes, dans le lent travail de leurs gestes : écrire, peindre, vivre. Aimer. Serait-ce aussi le craquement d'un radiateur, loin, dans le lieu clos, où l'on se tient à l'ouvert d'écrire. " Une sorte d'album du temps qui passe ", et sonore, où il arrive que même la langue fourche de se chercher, au plus près de ce qui est à dire, et le dire ainsi pour accueillir, il le faut, tout "ce qui n'a pas de nom", quand "une voix nous traverse". Quand "je t'entends marcher, au matin, un oiseau chante, la page commence, on pourrait croire à la vie". Toutes voix comme autant "de solitudes qui tissent entre (elles) des fils invisibles". Et d'elles toutes, une présence invoquée, inlassablement.
Jacques Ancet est né à Lyon en1942. Il vit et travaille près d'Annecy. Il est l'auteur d'une imposante oeuvre poétique, et un des traducteurs essentiels de la poésie espagnole.