Pouvez-vous vous charger de cette mallette jusqu'à la sortie de la gare ? Elle n'est pas lourde. Que je vous explique, poursuivit-il, elle contient des documents de grande importance dont voudraient s'emparer des individus peu recommandables. Ils n'iront pas jusqu'à imaginer que c'est vous qui la portez." Surpris, Bernard prit machinalement la mallette que l'autre lui tendait, sans penser à demander des éclaircissements. "Merci beaucoup, fit Marc Darant, je vous revaudrai ce service." Il se mêla à la file des voyageurs, laissant Bernard décontenancé, immobile, embarrassé par le sac et la mallette. Il descendit le dernier du wagon, fit quelques pas sur le quai en s'interrogeant sur cette mallette pendant au bout de son bras. Soudain, à une trentaine de mètres, il perçut une effervescence, vit se former un attroupement d'où s'échappèrent quelques cris. Lorsqu'un soldat revient dans son Jura natal flanqué malgré lui d'une mallette encombrante, la quille s'avère loin d'être celle espérée. Et René Bard d'orchestrer les règlements de comptes dans la plus pure tradition du genre, où grands espaces et amitié virile achèvent de conférer à ce roman noir des accents à la José Giovanni : un récit d'aventures à l'ancienne, taillé à hauteur d'homme, où tout peut basculer d'une seconde à l'autre.