Figure de granit, le père doit-il être sauvé ? Nous en attestons la ruine, mais ce n’est pas ruine de civilisation, bien au contraire. Plutôt chance de sortir « l’ordre symbolique » de sa rigidité, et la féminité du « continent noir » où elle reste enfermée, en dépit des avancées du féminisme. Ne
pas confondre, par conséquent, loi juridique et loi symbolique, ni contingence de l’histoire avec
structure immuable, laquelle encore doit se réduire au cramponnement du mythe paternel.
Lâcher le mythe peut amener à déployer l’aile angélique du masochisme, comme abri provisoire.
Pouvons-nous échapper à la fascination du sacrifice aux dieux obscurs, comme fondement des
rites sociaux et du lien amoureux lui-même ? Rompre les charmes de la pulsion de mort ? Espérer une relation « vivable, tempérée » d’un sexe à l’autre ? Resterait alors à suivre, plus modestement, l’évolution des lois, la raison peut-être…
Claude Rabant, psychanalyste, ancien élève de l’ENS, agrégé de philosophie, est cofondateur du Cercle freudien. Il est l’auteur de Clins et de Métamorphoses de la mélancolie