Le marché du travail en France est réputé rigide. Mais la flexibilité du travail ne se résume pas à une facilité de licenciement. Dans la perspective d''une comparaison européenne comme l''avait fait Robert Boyer vingt ans plus tôt, cette étude compare le marché français à trois autres pays représentatifs d''autres modèles sociaux décrits par Esping- Andersen. Il s''agit du Danemark, de l''Espagne et du Royaume-Uni. Une modélisation économétrique menée à partir de plusieurs variables de flexibilité permet de dégager les traits saillants des configurations développées nationalement et d''en tirer des leçons pour une politique de l''emploi. Alors que l''emploi indépendant est incité en France, il agit négativement sur l''emploi total car les entrepreneurs travaillent en moyenne plus longtemps. De même, les nombreux emplois atypiques sont davantage des refuges pour les plus fragiles en cas de tension sur le marché du travail, ce qui contribue à accroître la segmentation du marché du travail et la précarité. Au contraire, les politiques favorisant l''acquisition de capital humain devraient être soutenues afin d''accroître la productivité, et partant, la compétitivité.