Dans une veine semiautobiographique, le romancier décrit les mois sombres de son narrateur, une sorte d'alter ego qui erre dans Christiania (ancien nom de la ville d'Oslo), avant d'embarquer sur un bateau. (...) Le héros du récit n'est en aucune manière un miséreux qui ne parvient pas à gagner suffisamment d'argent pour se nourrir et il n'est pas présenté comme un sujet pathologique, par avance victime du déterminisme social et d'une hérédité de classe. Cette "faim" , il la provoque luimême, en décide seul et la chérit. Elle est sa muse, sa compagne d'écriture et, en un sens, son réconfort en dépit de la douleur, des visions et des délires qu'elle lui procure. L'argent que le narrateur parvient à recevoir des journaux à qui il propose ses articles est fort rapidement dilapidé, souvent de manière altruiste... La seule chose qui me gênât un peu, c'était, malgré mon dégoût de la nourriture, la faim quand même. Je commençais à me sentir de nouveau un appétit scandaleux, une profonde et féroce envie de manger qui croissait et croissait sans cesse. Elle me rongeait impitoyablement la poitrine ; un travail silencieux, étrange, se faisait là-dedans. Knut Hamsun.