La IIème République ne serait-elle, comme pourrait le suggérer sa brieveté (février 1848-décembre 1851), qu'un intermède sans conséquences entre la Monarchie de Juillet et le Second Empire ? Il n'en est rien. Si l'on considère que les mots que la classe politique d'aujourd'hui s'envoie à la face - socialisme, libéralisme et quelques autres ismes - étaient déjà ceux sur lesquels on se battit à l'époque, il apparaît que les débats de 1848-1851 ont porté sur les vraies questions : démocratie politique, démocratie sociale ou les deux à la fois ? Gestion des affaires ou édification d'un monde nouveau ? Révolution dans un seul pays ou propagation de l'idéal auprès des peuples opprimés de l'Europe ? Société avec ou sans Dieu ? Autant de problèmes qui sous-tendent la trame incroyablement accélérée des événements qui se sont succédé en quatre ans.
On peut dire que la IIème République contient comme en micro-cosme tout le XIXème siècle, ce siècle à la fois dur et enthousiaste, ce siècle de progrès mais aussi d'immobilisme. A ce titre et par leurs retombées à terme - la Commune, la IIIème République - et à long terme - 1917, 1968 ? - ces années constituent bien un tournant majeur de l'Histoire européenne.