Le 13 février 1883, Friedrich Nietzsche, alors âgé de trente-huit ans, rédige depuis Rapallo une lettre destinée à son éditeur : " J'ai aujourd'hui une bonne nouvelle à vous annoncer : j'ai fait un pas décisif. Il s'agit d'une petite œuvre (à peine cent pages imprimées) dont le titre est Ainsi parlait Zarathoustra. Un livre pour tous et personne. Il s'agit d'une " poésie ", ou d'un cinquième " Evangile " ou de quelque chose pour quoi il n'existe pas encore de nom : de loin la plus sérieuse, mais aussi la plus gaie de mes productions Je crois donc qu'elle produira un " effet immédiat "... " Quelle est cette " bonne nouvelle " que détient Nietzsche et qu'il s'apprête à délivrer au monde ? Autour de cette question, Peter Sloterdijk revient sur la notion d'évangile, sur la question de la mort de Dieu, et sur la manière dont l'évangile, l'annonce de la " bonne nouvelle ", peut aujourd'hui procéder sans avoir recours à des visions déistes ou théologiques du monde. Mais il brosse surtout une image radicalement opposée à celle d'un Nietzsche nihiliste ou en quête d'un " surhomme ", un portrait d'un Nietzsche généreux, adepte du " sponsoring total ", du don total de soi qu'effectue l'auteur avant de disparaître, heureux...