" J'ai choisi d'observer le monde depuis l'Amérique légendaire. Que New York blessée soit Rome ou Athènes importe peu : depuis le 11 septembre, c'est le cœur sismique du grand corps planétaire. Ce point de vue me permet, je crois, de franchir "l'obstacle du bien connu ", et d'analyser l'éruption de l'absolument nouveau. Car l'Amérique change à une vitesse inouïe : elle était une solution, elle devient un problème. Plus qu'un "empire involontaire ", elle est aujourd'hui une île
prométhéenne qui se cherche des alliés et une stratégie. Si le monde en fusion qui l'entoure la menace, il la façonne également. Dans ces pages, nous parcourons donc ce "nouveau nouveau monde": depuis le Capitole et les tourbes du Mississippi jusqu'à la plaine d'Armageddon, depuis le Texas des derricks jusqu'aux hauts plateaux afghans. Nous sommes dans une quête tout autant que dans une entreprise d'élucidation. Je vois naître un nouveau califat sunnite ; un espace bolivarien ; une Chine majestueuse ; une Turquie partagée ; un bloc chiite - et une Amérique dont la géographie se redessine. Je vois poindre de grands dangers, mais aussi de fortes promesses. Cet essai s'applique à suivre les paroles de l'Apocalypse, pour les conjurer : regarde longtemps les abîmes. "
Alexandre Adler, historien, est chroniqueur à France-Culture et membre du comité éditorial du Figaro. Son premier essai, J'ai vu finir le monde ancien (Grasset, 2002), fut un succès de librairie.