" Les pages qui suivent méritent un avertissement au lecteur contemporain. Bien qu'elles furent écrites par l'une des grandes figures de l'histoire des sciences occidentales, lauréat du Prix Nobel de Médecine en 1912, l'idéologie que cet ouvrage sous-tend par certains de ses aspects doit aujourd'hui, de façon tout à fait légitime et sans aucun détour, être pointée du doigt et remise en cause. Alexis Carrel y défend en effet l'eugénisme et plus généralement une vision racialiste de l'évolution humaine qui n'est plus acceptable. A une époque où le racisme n'était pas un délit et faisait l'objet d'un large consensus, y compris dans les cénacles intellectuels, les scientifiques ont reproduit le préjugé selon lequel un individu déviant socialement qu'il soit jugé fou, délinquant ou nuisible à la société ne pouvait être qu'un individu anormal biologiquement. Ce postulat eut des conséquences très graves avec notamment la mise en place au début du XXème siècle aux Etats-Unis d'une politique de stérilisation massive des déviants. Encore plus tragique, l'Allemagne nazie, dans son entreprise de "purification ethnique" pratiqua l'euthanasie de centaines de milliers de délinquants, malades mentaux, prostituées et clochards".