Même si l'on a exercé des métiers aussi divers que cancre à six doigts, cordonnier, baromètre municipal ou fossoyeur d'occasion, il est difficile de mener sa vie en ce monde quand on change de nom sans cesse, faute d'en avoir un à soi. Tour à tour Zandol, Noix de Cajou, Souliécléré, Quart d'Heure de Charme, Lavette, Sieur Et Caetera, celui qui s'appelle parfois lui-même tout court n'en vit pas moins de multiples aventures. Il aura beau connaître la prison, le cirque et l'armée, invoquer Notre-Dame la Noire, Man Bé, les rois mages et le voyant Sopha Circonstancié Dorénavant, la quête de l'"homme aux sept noms" sera vouée jusqu'au bout à l'imprévisible fantaisie des destins d'exception. Ce conte insolite serait-il la version antillaise de Candide revu par Xavier Orville ? Peut-être, après tout, mais avec une poésie verbale d'une luxuriance extraordinaire, où les mots explosent dans un feu d'artifice permanent, qui pousse jusqu'à l'extrême les dons de langage et l'imagination fertile qu'avait révélés Délice et le fromager.