À la mort d'Alexandre le Grand, en 323 avant
J.-C., les Grecs régissaient un monde immense qui s'étendait de la Sicile à l'Indus. L'hellénisme transplanté fut capable de séduire les artistes iraniens, les Indiens, qui découvrirent le sourire de leur Bouddha dans celui d'Apollon, les Juifs de Jérusalem comme ceux qui s'en furent vivre à Alexandrie. En Égypte, comme aux Indes, la souplesse de leur esprit, leur curiosité, une sorte de respect aussi pour la pensée de l'autre les firent parfois s'intégrer aux mondes étrangers, devenir les serviteurs du Bouddha ou d'Apis sans qu'ils eussent cessé de penser en Hellènes et d'être fiers de l'être. Un monde nouveau naissait, uni dans la pratique d'une langue commune, riche d'une culture plurielle, mais l'échec des cités fondées en tous lieux, à libérer les travailleurs indigènes, celui des souverains à maintenir les frontières des pays conquis et à y garantir la paix, empêchèrent que fussent tenues les promesses de sa genèse. Et c'est Rome qui réussit à récolter, grâce à la durée de son empire, dans un cadre décalé, les fruits préparés par les soldats macédoniens d'Alexandre. Ce recueil de textes est un voyage dans le monde hellénistique ; il est incomplet comme tout parcours, mais les aperçus qu'il offre ouvrent de multiples perspectives.
Jean-Marie Bertrand est maître de conférences d'Histoire ancienne à l'université Paris-I. Il étudie notamment la syntaxe et le vocabulaire du langage politique en Grèce et à Rome.