Cet ouvrage (1) s'ajoutant à ceux de Pierre Chanu (n° 26 et 26 bis) et se prolongeant dans celui de Jean-Louis Miège (n°28) forme avec eux une histoire cohérente de l'expansion européenne dans le monde pendant le millénaire qui vient de s'écouler. Le terme même " d'expansion " prête à équivoque, beaucoup de gens pourtant cultivés, voire même des spécialistes, le réservant à l'expansion économique interne des nations ou des régions. Or nous tenons beaucoup à ce terme parce qu'il exprime notre manière nouvelle de voir les choses, car il n'est plus question de se contenter du récit -événementiel- d'histoires de surhommes, mais de mesurer aussi les flux de population, leurs causes et leurs effets. Ces flux sont précédés par des groupes de reconnaissances -découvreurs, explorateurs, savants, marins, pionniers- sur lesquels on doit et on peut compter pour tracer le chemin vers les terres nouvelles. Cette vaste entreprise de conquête planétaire s'appuie sur une logistique qui a fait ses preuves depuis la Renaissance. C'est ce qu'on appelle le capitalisme commercial, un système économique qui donne aux commerçants la gestion et les profits de la production et qui reste ouvert sur le monde agricole. Dès lors le grand marchand trouve son profit tantôt dans la vente des produits industriels, tantôt dans celle des produits agricoles, y compris les produits de l'agriculture coloniale et de son corollaire, l'esclavage. Le résultat c'est le peuplement ou le repeuplement de l'Amérique après " le choc microbien " provoqué par l'arrivée des Européens. Ceux-ci pratiquent une colonisation de peuplement dans les régions et les zones climatiques tempérées, parsemant le monde des petites, ou de plus vastes Europes filles de la première...
(1) La mise au point bibliographique de cette quatrième édition porte surtout sur le XVIIIe siècle, l'expansion européenne au XVIIIe siècle venant d'être mise au programme de l'agrégation d'histoire.