" Ma vie est un songe qui passe à travers moi " : tel pourrait être le credo de Marcel Schneider dans ce cinquième volume ajouté à son entreprise de mémoire, L'Eternité fragile. Ce rescapé d'un monde englouti aura en effet toujours préféré sa liberté intérieure, celle du rêve, aux contraintes de la vie réelle. Le germaniste pessimiste cite volontiers Goethe : " L'ère du beau est révolue " Alors ? Autant plonger dans les événements du passé, de la guerre de 1914 à l'avant-scène des théâtres où virevoltait Nijinski. Autobiographe pudique, Marcel Schneider consacre des pages d'admiration à Georges Dumézil, André Pieyre de Mandiargues, Jean Cocteau. En lecteur érudit, il épingle le snobisme de Proust, l'imaginaire de Gabriele D'Annunzio, il commente les leçons d'insolence d'un après-guerre qui n'était pas du côté de Jean-Paul Sartre. En esthète, il frémit encore au souvenir de Joséphine Baker, Noureïev, Roland Petit, Ida Rubinstein. La danse n'est-elle pas la métaphore d'une beauté qui toujours s'échappe ? Les Gardiens du secret veillent sur un siècle de ténèbres où Marcel Schneider nous guide d'un pas vif.