"Le XVIIIe siècle, dont la gloire est aujourd'hui hors d'atteinte, a compté dans son histoire plus d'une date néfaste ; il a eu, lui aussi, ses défaillances et ses tristesses. Sous cet éclat des arts et de la philosophie qui, en dépit de nos revers, continuait à illustrer le nom français, plus d'une blessure infligée au patriotisme a saigné. Mais l'âme de la France, trahie par des chefs indignes, consolée et raffermie par d'éloquents écrivains, a non seulement maintenu sur l'Europe, à force de génie civilisateur, son empire ébranlé ; elle a fait plus, elle a entretenu dans les générations nouvelles le ressentiment de l'honneur offensé, elle a créé l'énergie qui efface avec l'épée les humiliations de la défaite. C'est ce qui imprime p. 2 à ce siècle, si grand par l'esprit, la marque héroïque ; c'est par là qu'il exerce une séduction dont l'attrait devient plus pénétrant et plus vif dès que l'heure présente est plus sombre et que nous traversons quelque passagère éclipse. Il semble parfois s'abaisser jusqu'à nos faiblesses et souffrir nos douleurs, comme pour nous mieux apprendre le secret de l'espoir invincible"