1815 : mis à la retraite forcée, Pierre-Marie Desmarest, ancien chef de la police politique de Napoléon Ier tue le temps en écrivant. Son regard de policier exercé le pousse à imaginer ce que sera la civilisation de demain, la nôtre, qu'il place dans une contrée au coeur de l'Afrique, découverte au terme d'un long voyage. Un voyage extraordinaire, même, pourrait-on dire : trente ans avant Jules Verne, Pierre-Marie Desmarest imagine l'épopée d'un jeune Français, prénommé Isidore, dont le projet s'inscrit plus dans la rêverie métaphysique d'un Cyrano de Bergerac découvrant la Lune que dans les grandes expéditions scientifiques décidées et financées par les Etats. Ainsi naît L'Empire savant, une oeuvre surprenante et protéiforme, dont les degrés de lecture sont innombrables. Sans aucun équivalent pour son temps, archaïque par sa forme, ainsi que par sa langue, L'Empire savant se révèle d'un grand modernisme, oscillant entre science-fiction visionnaire et satire sociale et politique. Desmarest surprend son lecteur par l'étendue de ses connaissances, la fraîcheur de ses remarques et la naïveté feinte de son propos, tout en poursuivant son but et son questionnement : le progrès fait-il le bonheur ? Et comment le pouvoir l'utilise-t-il ?