Comment une religion fondée sur l'amour du prochain a-t-elle pu intégrer la guerre dans sa vision du monde ? Depuis ses origines, l'Eglise catholique a répondu avec plus ou moins de bonheur à cette difficile coexistence. Privilégiant d'abord le combat spirituel et la " paix de Dieu ", elle s'est laissé entraîner dans l'aventure de la guerre sainte au temps de la chrétienté médiévale, puis dans celle de la " guerre juste " au temps des monarchies et des nations. L'ambiguïté de cette position éclata en 1914-1918, quand les clergés, rivalisant de zèle guerrier nationaliste, restèrent sourds aux appels du pape. Les tueries de la Première Guerre mondiale firent réagir les théologiens, mais la prise de conscience fut lente. L'âge atomique, qui est aussi celui du déchaînement des nationalités, pose à l'Eglise un nouveau défi. Son discours est cependant loin d'être unanime : si Jean-Paul II, au lendemain de la guerre du Golfe, neuf siècles après l'appel d'Urbain II à la croisade, a proclamé qu'il ne peut y avoir de guerre sainte, le Catéchisme de l'Eglise catholique continue à réaffirmer le principe de la guerre juste. Georges Minois est historien des mentalités religieuses et des rapports entre la pensée chrétienne, la culture et les pouvoirs, thèmes qu'il a traités dans de nombreux ouvrages comme l'Eglise et la science (2 vol.), Le Confesseur du roi, Histoire des Enfers, avant d'aborder le sujet de la guerre dans un Du Guesclin.