1913 : le jeune Boëtius von Orlamünde, descendant direct d'une famille princière illustre mais ruinée, décrit les événements dramatiques qui, en moins d'un an, vont le faire passer de l'enfance à l'âge mûr : son éducation austère dans un pensionnat aristocratique, son apprentissage de la mort et de l'amour à travers le dressage de l'étalon Cyrus et l'amitié passionnée portée à son condisciple Titurel, qu'il sauve de la noyade, l'incendie du château, la prolétarisation subite dans la grande ville, la maladie d'un père adoré. Si le sujet, l'époque, le décor font penser aux Désarrois de l'élève Törless, l'arrière-plan d'angoisse et de violence, lui, n'appartient qu'à la tragédie personnelle d'Ernst Weiss, au-delà des ultimes flamboiements de la Double Monarchie. De l'Aristocrate, Joseph Roth a écrit : " Ce roman montre comment le courage véritable prend naissance : par le renversement intelligent de la pusillanimité, par une observation de soi-même, énergique et permanente, par une analyse entêtée de la lâcheté. On connaît la langue claire, consciencieuse, riche et précise d'Ernst Weiss. Elle est, dans ce livre, prudente, précautionneuse, retenue à certains endroits, pudique presque, puissante et timide comme le jeune Boëtius qui l'écrit. " Ernst Weiss est né en 1882 en Moravie au sein d'une famille juive. Chirurgien et ami de Freud, il publie ses oeuvres majeures, Georg Letham, l'Aristocrate, etc. , à partir de 1928. Emigré à Paris dès 1934, il se suicide le 15 juin 1940, à l'entrée des troupes allemandes dans Paris.