Jules Vallès (1832-1885) aura été fidèle à son " serment " : il aura eu une vie prodigieusement remplie. Victime de son enfance, il n'a pas vécu en victime. Sans cesse, dans les moments dramatiques, qui n'ont pas manqué, et dans les autres, il a choisi sa vie. Il a mené une existence intense, toute de lutte _ de lutte contre : contre son temps, contre ce qui va de soi, ce qui se pense et se dit, contre ce qui empêche un homme de se dire et de le dire aux autres. Cette lutte contre ne pouvait aller, chez Vallès, sans un assentiment, une aspiration à autre chose ; sans une affirmation intérieure, tacite et forte. Quand il combat l'enfance malheureuse, battue ou martyre, quand il dit non à la fatalité de ce sort-là, c'est parce qu'il croit avoir vu d'autres enfances et parce qu'il rêve d'autres enfances possibles. L'Enfant est un récit et une projection d'enfance et, Vallès l'a dit, surtout un combat pour le droit : pour les droits imprescriptibles de l'enfant, pour le droit de l'enfant au bonheur. Ce combat est une constante de la vie de Vallès : on le trouve, écrit, avant la Commune, pendant la Commune, après la Commune. Roger Bellet, docteur ès lettres, professeur émérite à l'Université de Lyon II, y a dirigé un Centre de Recherches " Littérature et Idéologies au XIXe siècle ". Spécialisé dans la presse et la littérature française au XIXe siècle, il est fondateur en 1984 de l'Association et de la Revue Les Amis de Jules Vallès et a publié l'édition de Jules Vallès à la Bibliothèque de la Pléiade.