Un diplomate moldave, Nicolas Milescu, déjà présenté à Louis XIV et à d'autres princes d'Europe, est envoyé par le tsar de toutes les Russies en Chine, porteur d'un message d'amitié auprès de l'empereur Kang Xi. La mission ne donnera pas les résultats escomptés bien que conduite avec vaillance parmi les difficultés de toute sorte : fleuves immenses de Sibérie, steppe mongole, canicule à Pékin, où la délégation d'une centaine d'hommes se trouve littéralement emprisonnée dans la résidence des étrangers. Dès lors, le jeune empereur se servira de ce premier contact officiel avec la Russie pour faire passer un message belliqueux et préparer la guerre qui éclatera dès que l'ambassadeur sera revenu à Moscou. Le tsar meurt alors et la situation politique de la Russie est chaotique. L'intérêt de ce texte est ailleurs : dans cette rencontre, parfaitement documentée, entre l'Europe westphalienne, de culture latine et byzantine, persuadée de représenter la civilisation, et une Chine encore mal connue, fascinante, et que l'on s'apprête à étudier, pour mieux la conquérir. En somme, Journal du voyage en Chine du spathaire Nicolas Milescu rend compte de l'expédition de cet émissaire, longue et périlleuse, par la Sibérie et la Mongolie. Aussi, il évoque l'atmosphère qui régnait alors à la Cour impériale, en ce début de la dynastie Qing.