Cet ouvrage propose une lecture approfondie de la revue Notre Temps (1927-1940) et montre quelle est sa place parmi les relèves de l'entre-deux-guerres. Il apporte un éclairage nouveau sur l'itinéraire de Jean Luchaire (1901-1946), son directeur, grâce à l'analyse de son discours public de 1913 à 1940. Celui-ci a incarné le jeune radicalisme puis l'idée européenne avant d'être fusillé à la Libération pour sa collaboration avec l'occupant. Notre Temps désire représenter la génération marquée par la Grande Guerre. La revue promeut le "réalisme" dans les débats sur la réforme de l'Etat et défend une politique de conciliation pour garantir la paix. Partisan de l'idée européenne, Notre Temps se fait le chantre du briandisme et le promoteur du rapprochement franco-allemand avec comme partenaire majeur Otto Abetz, le futur ambassadeur du Reich à Paris après la défaite de 1940. Mais l'unité autour des mots d'ordre permet une large variété d'opinions chez ses principaux contributeurs tels que Bertrand de Jouvenel, Louis Martin-Chauffier ou Pierre Brossolette. Ce portrait de groupe révèle alors les échelles de valeurs de chacun, prélude à leurs engagements durant le second conflit mondial.